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les Sentes de l'Espoir

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"Tirez nom de dieu, tirez... Vous attendez quoi ? On va en prendre plein la gueule si vous ne bougez pas vos culs"...

Ça résonnait dans ma tête. Un bruit sourd. Machinalement j'amenais les obus dans cette gueule qui ne refroidissait plus. Ça grouillait. Ça criait, ça jurait au rythme des coups. Encore un et en face ils ne fatiguaient pas. Dans un bois derrière, les arbres éclataient dans le fracas et la poussière. Je ne me retournais pas pour ne pas avoir peur. Je m'éreintais sur les obus comme si c'était la solution pour s'en sortir vivant. Ce doit être ainsi, l'enfer. J'avais soif. Les ordres pleuvaient. Une grande pagaille organisée. Je n'entendais plus. J'étais dans cette belle mécanique bruyante qui devait rester vivante. Un simple rouage. Celui qui amenait les obus. Un soldat deuxième classe. La terre grasse collait aux semelles. Mes jambes étaient encore plus lourdes à traîner, à sortir de la boue. 

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Nous avions réussi à nous procurer des vêtements de travail que nous avions piqués dans les vestiaires des gares où nous travaillions. J'avais moi-même pu teindre une veste de tenue d'été de gendarmes français. Il était complètement impossible de s'évader avec nos habits de prisonniers. les grandes lettres "KG" peintes à l'huile sur nos effets ne nous auraient pas permis d'aller très loin sans se faire repérer.  

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De grands rochers plats annonçaient l'approche de l'eau. On entendait déjà les cascades sauter de pierre en pierre. Ce bruit, je l'avais entendu toute ma vie. Toute petite, quand j'accompagnais ma mère, j'aimais déjà ce murmure. A l'époque elle portait le panier à linge. Mais là, c'était moi qui supportais le poids des draps. La grande lessive après la glace. 

Le pont Rougier, enfin. Sur l'autre rive, une petite plage était l'endroit idéal pour nettoyer tout ce linge sans avoir trop mal au dos. Déjà engagée entre les rambardes, la Louise remontait vers notre village, Chomelix. Le pont Rougier était étroit; j'étais donc obligée de la saluer. Elle n'était pas cliente chez moi et j'aurais préféré croiser quelqu'un d'autre.

"Bonjour Maria.

- Bonjour Louise.

-Des nouvelles de ton mari?

- Eugène est bien loin et je ne sais où..."

Tout en échangeant ces quelques mots, nous tenions nos paniers à bout de bras au-dessus de l'eau afin de nous croiser. La discussion fut donc très brève; c'était très bien ainsi.

Agenouillée au bord du courant, j'observais la Louise qui, marchant lentement, finissait de traverser la passerelle. Elle se retourna soudain en marmonnant:

" Y a de l'eau qui va tomber."

Bien campée sur ses pattes, qu'elle écartait un peu, elle se laissait aller à un besoin naturel qui ruisselait sur ses sabots.

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Sur la place il y avait un vieux, un très vieux marronnier. Son ombre courait entre la croix de mission et la petite fontaine. Nous nous retrouvions souvent sous ses larges feuilles dans la fraîcheur de son ombre. Les gamins jouaient à nos pied, les chiens somnolaient et les abeilles tourbillonnaient alentour. Comme le magasin se situait juste à côté, je venais souvent rejoindre mes amies sous les branches du vieil arbre. Janine s'amusait avec un bateau d'écorce dans les bacs remplis d'une eau limpide et courait se réfugier dans mes jupes quand les vaches venaient se désaltérer.  

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tMon carreau était un petit métier portatif avec une armature de bois comme celui de toutes les femmes du pays. Il était rembourré de paille de seigle et recouvert de toile. Je l'avais décoré de rubans, d'images pieuses et j'avais même accroché une petite photo de mon Eugène.

Depuis plusieurs jours je m'appliquais à réaliser de la dentelle au mètre. Mon ouvrage avançait lentement car le carreau était un jeu de patience.

Sans même regarder je lançais les bobines de bois les unes par-dessus les autres dans un ordre établi et complexe. Elles finissaient par pendre de chaque côté en grappes patinées par la caresse des doigts.  

G . F  

J'ai dévoré ton livre.

Pascale B.

Mon père était ravi de ce cadeau "tombé du ciel". Il connaissait votre grand-père puisque ses parents allaient acheter leur viande à sa boucherie.

Céline C.

J'adore la fin.

Denise B.

Nous avons bien reçu le livre. Il a été offert et déjà lu. Mon père a adoré.